En 2014, suite aux informations données par l’agent patrimonial de l’époque, le conseil municipal s’est intéressé à un ouvrage situé à l’est de la commune en lisière de la forêt qui disparaissait alors sous une couche de terre et d’arbustes. Grâce à la mobilisation d’habitants, l’ouvrage « Four des Canadiens » est réapparu et a été protégé.
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Souvenons-nous, la Première Guerre Mondiale. Les deux coalitions s’affrontent sur le sol de France. Il ne s’agira pas d’une guerre de mouvement, mais d’une guerre de position ; les belligérants s’enterrent, creusent et façonnent des tranchées. La ligne de front, c'est-à-dire la zone de combat, couvre une ligne au Nord – Est de la France et part de la frontière avec la Suisse au niveau de Bâle pour rejoindre la mer du Nord en passant par Saint-Dié, Verdun, Soissons, Amiens et Ypres. Durant ces quatre longues années, les besoins en logistique (munitions, vivres, santé, habillement, organisation du terrain, etc.) sont énormes et le réseau de voies ferrées est très sollicité.
Il apparait rapidement des besoins en planches pour l’étayage des tranchées des Poilus et les traverses de chemin de fer. Les alliés vont alors faire appel au Canada qui enverra des troupes au front et également des forestiers afin de suppléer au manque de bucherons français qui étaient au combat dans les tranchées. Le Canadian Forestry Corps, fort de 12 000 hommes, opérera en 1916 en Grande-Bretagne et en France en 1917.
Suite à reconnaissances, des forestiers canadiens s’installèrent dans le massif du Jura. Les opérations de forestage furent engagées dès le printemps 1917 avec l’arrivée de « soldats bûcherons » du « Canadian Forestry Corps ».
Le 28 mai 1917, la 40ème compagnie du « Jura Group » forte de 170 officiers, sous-officiers et soldats, sous les ordres du Major C.H. Rideout s’installa à Le Moutoux. Elle opéra sur le territoire de la commune jusqu’au 3 novembre 1917. La 57ème compagnie du « Jura Group » sous les ordres du Capitaine F.H.C. Mac Donald prit la relève le 4 novembre 1917 et quitta Le Moutoux le 25 décembre 1917. Au début, comme toutes les armées en campagne depuis César, la 40ème compagnie créa un cantonnement sous toile et le transforma ensuite en un ensemble constitué de cabanes en bois. La seule construction en béton était destinée à la cuisson du pain.
Ces bûcherons et scieurs de bois ont été recrutés chez les Acadiens de la Baie Sainte-Marie. Une discipline rigoureuse et le cantonnement en forêt permettait aux soldats bûcherons de cohabiter avec les communes limitrophes.
Une scierie est aménagée à Vers-en-Montagne. Elle est alimentée par les exploitations des compagnies stationnées sur le territoire du Moutoux. Les billes de sapin chargées sur des voitures à cheval descendaient par les chemins forestiers et traversaient la plaine de l’Angillon pour être livrées à la scierie de Vers-en-Montagne.
Les bûcherons canadiens maniaient le passe-partout sans se baisser, car c’était plus commode et moins fatiguant ; les populations étaient interloquées par les hauteurs des souches.
Après le départ des « soldats bûcherons », les habitants appelèrent cette construction « Le Four des Canadiens ».
Sensibilisée par le Centenaire de la fin de la Première Guerre Mondiale, la commune a considéré que son devoir de Mémoire consistait à préserver et protéger son Four des Canadiens. En effet, ce Four est un témoignage de l’Histoire locale durant cette période du Premier conflit Mondial.
Cérémonie « Le Four des Canadiens 100 ans après »
Samedi 8 septembre 2018